Le « Fihavanana » : un justificatif de corruption ?

 

Nous n’aurons de cesse de le répéter, il faut lutter contre la corruption avant que la corruption ne lutte contre nous. Car ne pas agir c’est approuver et l’approuver revient à faire preuve de non-assistance à pays en danger. Et pendant que la corruption devient un mode de vie dans grande île, de plus en plus de personnes pointent du doigt le « Fihavanana ». On vous explique …

Il s’agit d’un concept culturel malgache fondé sur l’entraide et la réciprocité des services rendus. Le « Fihavanana » tend vers une perspective harmonique ayant pour but de maintenir coûte que coûte la paix sociale en évitant ou en tranchant les désaccords familiaux, dans le voisinage ou à travers le pays.

Échec ou réussite, ici, le problème réside dans le fait que cette façon de penser collective se trouve à présent au service de la corruption, la plus abjecte manière d’en user. Si cette dernière se traduit dans le détournement d’un pouvoir délégué pour servir des intérêts personnels, elle a surtout lobotomisé les malgaches au prix d’une valeur commune. L’entraide est déviée vers des dessous de table ; des responsables officiels reçoivent une rétribution pour assouplir des démarches ou rendre favorables des demandes. Les pots de vin sont justifiés par la volonté de maintenir le « Fihavanana ». Il n’est même plus question d’éviter les désaccords, ils vont plutôt s’en servir pour faire du favoritisme, priorité aux connaissances dans le voisinage. Qui se soucient des compétences et des efforts ! Les postes et les places iront d’abord aux membres de la famille. C’est du « Fihavanana » népotisme. Certains vont jusqu’à falsifier des données pour favoriser leurs proches, risquer leur travail pour de la corruption. Mais ironiquement, vaut-il vraiment mieux perdre de l‘argent que perdre la familiarité comme dit le proverbe malgache ?

            Il faut néanmoins admettre que le blâme ne devrait pas porter sur le « Fihavanana » mais dans l’usage que l’on en fait. Une culture de la paix ne peut pas être néfaste. Mais une lutte contre la corruption s’impose pour que le « Fihavanana » retrouve toute sa blancheur entachée car ils sont en train de corrompre une valeur nationale, une culture qui caractérise Madagascar. Et même si le pays a fait une avancée remarquable en passant de 149ème  en 2020 à 147ème en 2021 sur l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), la lutte devient même culturelle.

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